Diving school in Koh Tao

Prenez un bout de sable des Maldives, une touche de jungle amazonienne, saupoudrez le tout du coucher de soleil californien. Vous entrez désormais dans le fabuleux univers de Koh Tao. En plein golfe de Thaïlande. « L’île tortue » n’a volé son charme à personne pourtant. Elle se fait plutôt dérober son bien le plus précieux: ses récifs sous-marins. La faute aux dizaines d’écoles de plongée, peu scrupuleuses de la protection de l’environnement. Argent. Argent.

Y a t-il un endroit au monde où la concentration d’écoles de plongée est telle que les touristes se font littéralement alpaguer pour signer une décharge sanitaire? Vite, il ne reste plus que deux places pour le lendemain, il faut prendre une décision rapidement. Notre tour sera passé sinon. 1900 baths, tout de même (environ 60€). Pour les budgets serrés, comparer est indispensable. Pour ne pas être déçu du voyage. Car les arnaques ou les mauvais plans pullulent sur l’archipel. Sortie en bateau à moitié flottant. Plongée avec un instructeur pour 7 personnes. Être le dernier à passer des 30 personnes à bord et ne plus avoir de nourriture. Non, il y a des règles à respecter avant de s’enfoncer dans les abîmes.

Boat diving

Un des nombreux bateaux partant sur le site de plongée de Shark Bay.

Premièrement, les palmes. De préférence pas trouées, pour une meilleure efficacité. Quel ridicule sur la terre ferme! Mais tellement rapide une fois dans l’eau. Ensuite, la combinaison. A -16 mètres de profondeur, mieux vaut revêtir un équipement suffisamment résistant au froid mais assez souple pour les mouvements amples le long des coraux. Enfin, la bouteille d’air, plus connue sous le nom de « bloc », indispensable pour rester pendant plusieurs dizaines de minutes dans le ventre mou de la Terre. Pesant entre 7 et 12 kilos, elle se fait presque oubliée dans les abysses. Le seul élément qui nous transforme en amphibien. L’espace d’une descente. Seulement.

Diving me

Baptême de plongée à Koh Tao. Done.

A Koh Tao, on ne dénombre pas moins de trente sites répertoriés de plongée. Avec, à chaque fois, la même promesse d’unicité. D’authenticité. D’émerveillement. Sur le papier, les noms font rêver les amateurs de sorties aquatiques. Shark Bay. Japanese Garden. Coral house. Sauf que l’enchantement s’arrête parfois au stade de l’imaginaire. Bien sûr, les lieux de plongée réservent plus d’une surprise.

Scubadivingfanclub

Malgré la pollution marine, quelques irrésistibles coraux résistent à l’envahisseur. (CP: scubadivingfanclub.com)

Quoi de mieux que de nager entre les poissons clown, jouer avec une raie manta de 5 mètres d’envergure, apercevoir maman tortue et ses petits, titiller les anémones multicolores accrochés aux récifs abruptes. Evidemment, la sensation de quasi liberté dans cette masse colossale d’eau ne peut être égalée nulle part ailleurs. Naturellement, le poids pesant du silence absolu -hormis le bruit léger des bulles qui s’échappent pour  rejoindre la surface- fait ressentir la petitesse et la vulnérabilité de l’être humain.

KOh tao sites plongée

Shark Bay, Japanese Garden, Coral Reef. Autant de noms évocateurs qui font rêver les amateurs de sorties aquatiques autour de l’île de Koh Tao.

Mais nous, mammifères terrestres, avons même réussi à polluer les récifs millénaires. Saccager la faune sous-marine. Détruire l’habitat d’espèces exceptionnelles. Requins à pointe noire, poissons demi-lune, hippocampes fluorescents: pardon. RIP. Les lois du tourisme semblent plus fortes que la condition naturelle. Ce massacre ne rentre dans aucune théorie de l’évolution. Vous avez perdu de votre superbe, chers coraux déteints. Blanchis. Mourants. Vous permettiez cependant à des milliers d’espèces de vivre, se nourrir, s’amuser antre vos charmantes tentacules. La magnificence a disparu entre les sacs et bouteilles plastiques échoués sur vos reliefs.

Seahorse

Bonjour monsieur l’hippocampe.

Roctopus

Le Roctopus, une ancienne citerne transformée en site de plongée artificielle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’eau turquoise de la surface fait rapidement place à un liquide mouvant taché de particules sombres. Trop opaque, ce monde. Comment prendre entièrement plaisir quand la visibilité se réduit à moins de 5 mètres? Et que dire de ces flocons de pétroles, tout droit sortis des échappements des long-tails. Un triste constat, cette remontée vers les airs. Envolés, les espoirs de prises de conscience écologiques. Vers les cieux, sûrement. A moins que l’association de protection de l’environnement de l’île ne recrute plus de monde. Locaux comme occidentaux. Ceci n’est pas un appel du pied. Encore moins un ordre. Juste une alerte. S’il l’on continue à ce rythme, l’euphorie de la plongée aura migré de Koh Tao dans moins de dix ans. Dénaturalisation.

 

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