Hua Hin la coquine, royale destination

Ancien petit port de pêche plaisant et paisible, Hua Hin a délaissé son cadre de vie reposant au grand bonheur de Sa Majesté le Roi de Thaïlande. Cinquante ans déjà que la côte subit les ravages d’une urbanisation incontrôlée. La Côte d’Azur de Siam. Qui fait la joie des tours opérateurs et des compagnies aériennes, proposant des tarifs toujours plus attractifs pour les vieux européens à la conquête d’une jeunesse révolue.

Dès l’arrivée à Hua Hin, en bordure du golfe de Thaïlande, le tourisme de masse se fait sentir. Éclate aux yeux. La séduisante petite gare de la ville est victime du criblage des appareils photo des touristes, nombreux en ce weekend de la mi-mai. Les wagons déchargent un flot compact de locaux… et d’occidentaux, souvent d’âge mûr. Le terme -péjoratif- « farang » n’a jamais autant utilisé qu’ici. Pour cause: la principale attraction de cette station balnéaire est les bars à gogos.

hua hin railway station

La gare ferroviaire de Hua Hin est la plus ancienne du Thaïlande. Elle date du début du XX° siècle.

Au cœur de l’ancien port de pêche s’établissent aujourd’hui moult de cabarets, whisky-clubs et boites de nuit, concentrés dans un périmètre très restreint. Coquettes maisons en bois d’origine ou imposantes constructions modernes, l’unité architecturale ne semble pas être la priorité du quartier. Mais tous ces « établissements de nuit » arborent fièrement un point commun: les drapeaux des pays européens. En tête, les trois pays scandinaves: le Danemark, la Suède et la Norvège.

hua hin beach

La baie de Hua Hin a perdu toute sa mangrove, au profit des constructions touristiques. (huahintourismblog.com)

Combien de têtes blondes masculines ont succombé au charme de l’atmosphère sulfureuse de la cité, plaquant leur carrière du Vieux continent pour rejoindre le farniente thaïlandais? Des dizaines, des centaines même. Des femmes. Du soleil. De l’alcool. Cocktail parfait sous la chaleur des tropiques. Tous croient à une fin de vie meilleure. Comme une douce transition vers leur prochain voyage sans retour. Le paradis sur Terre.

gogo hua hin

L’accueil est plus que chaleureux lors des promenades nocturnes dans la ville. L’ambiance est même dérangeante à certains endroits.

Bien que légalement passible de prison, la prostitution à Hua Hin reste autorisée. Implantée dans les mœurs. Personne n’est choqué d’observer un sexagénaire nostalgique de son feu sex-appeal déjeuner en tête-à-tête avec une jeune vingtenaire aux cheveux noirs, peut-être arrachée de sa région natale pour alimenter l’immense réseau de proxénétisme d’Asie du Sud-Est. Ou simplement contrainte d’user de ses charmes pour entretenir sa famille resté au village. Cliché, dira-t-on. A la vue des sourires gênés, qui peinent à effacer les regards désenchantés, le fameux feeling indispensable à toute relation amicale ou amoureuse à bien tiré sa révérence. Il n’a jamais été acteur, en fait, dans ces semblants de flirts. Pathétique, infâme et révoltant à la fois. Lui paie l’addition, quelques cadeaux et la chambre d’hôtel. L’assouvissement personnel n’a pas de prix. Ni de nom, semble t-il. Elle, malheureusement, connait sa tâche…

hua hin gogo 2

Voilà l’atmosphère qui règne à l’intérieur des nombreux clubs de Hua Hin. Des hommes occidentaux accompagnés de prostituées thaïs.

Et le Roi, dans tout ce trafic? Certains le disent malades, d’autres incapable intellectuellement d’occuper son poste diplomatique. Certes. Toujours est-il que sa ravissante demeure en bord de plage éclaire quasiment chaque fin de semaine. Sous couvert de séjour en cure, il profite de la frivolité locale lui aussi. Papy fait de la résistance. Cette station balnéaire n’a pas été bâtie pour que seuls ses sujets en bénéficient. La générosité s’arrête là où la tentation commence. Personne ici n’a encore réussi à détrôné LE vrai roi du chill. Pas même la communauté européenne brûlée au soleil, conquise par les gogos ou les lady-boys, qui festoie telle la jeunesse dorée américaine du lundi au dimanche. Et pour les hédonistes éphémères, revigorés par ce court intermède vacancier, le sifflet du chef de gare sonne comme un nouvel appel à la débauche. Peut-être le weekend prochain. Probablement avant la mort, pour sûr.

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