Songkran, d’amour et d’eau fraîche

Le voilà, le moment tant attendu. Le nouvel an thaïlandais. Parades, musique, et euphorie. Comme chaque année, tout le pays célèbre cet événement dans la plus pure des traditions. En s’aspergeant avec de l’eau, beaucoup d’eau. La guerre est déclarée. Songkran 2015 est lancé.

Les échoppes sont fermées. Les banques ne distribuent plus de billets. Les rencontres sportives sont reportées. Les services administratifs sont suspendus. Comme en période de guerre. Pourtant, toute la population est sur la route. Enthousiaste. Hilare. Vieillards, mères ou bambins défilent, armés jusqu’aux dents. Pistolets mitrailleurs, lance-grenades, fusils d’assaut. La bataille va commencer. Pendant trois jours, parfois plus d’une semaine.

A l’heure où le soleil est à son zénith, la première charge se produit. Impossible d’y échapper, que l’on soit piétons ou en deux roues. Il faut se le dire d’avance: on en sortira changé. Transformé. Purifié. Sur le bord de la route bondée, les enfants attendent leurs prochaines victimes. Majoritairement les motos. Dès qu’elles croisent leur chemin, les jeunes balancent leur liquide sur les chauffards, impuissants. L’eau est froide. Glacée même. Ice bucket challenge relevé.

songkarn baby

Les enfants sont souvent munis de sceaux remplis d’eau glacée qu’ils déversent sur les passants, frigorifiés mais hilares.

Inutile d’espérer circuler en ville, les voitures roulent au pas. Quand elles ne flottent pas, presque. A Chiang Mai, au nord du pays, l’adage veut qu’elles fassent le tour de la cité. Le trajet prendra des heures. La foule immense de badauds est parée, elle aussi, à la charge. Les pistolets mitraillent, bombardent, fusillent. Head shot. Partout les gens courent, se défendent main tendue vers le canon des armes. La guerre est plus que déclarée. L’heure de la riposte approche. Sur les gros pick-up, les habitants s’entassent autour d’une cuve remplie d’eau. Les jets fusent devant, derrière. Touché, le voisin. Coulé, ce touriste qui rechargeait son arme. Mais il n’a pas dit son dernier mot. Il se lance à la poursuite de son assaillant, dans un fou-rire contagieux. Le duel se mue en une bataille en ordre rangé. Cinq, dix puis trente soldats aquatiques prennent par à l’affrontement. De tous âges. De tous milieux sociaux. De toutes nationalités. Une véritable guerre civile.

Songkran fiiiiiiire

Des combats de rue ont lieu dans toute la ville dans une atmosphère survoltée.

Vient le temps du recueillement. Pour célébrer les vaillants morts dans le carnage? Que neni! Les morts ressuscitent dans la religion bouddhiste. Non, les armes arrêtent de cracher le liquide pour rendre hommage à Bouddha. Qui les a protégé pendant une année. En espérant qu’il soit aussi clément durant les 365 jours à venir. Certains thaïs accostent les habitants pour les enduire de craie blanche, en signe de purification. Pour la peau. Pour l’esprit. Les pieds dans l’eau, les têtes deviennent plus sérieuses. Quelques méditations, plusieurs prières, certains vœux. Et puis ça repart, de plus belle.

SONGKRAN bouddha

De nombreux chars à l’effigie de Bouddha paradent au cœur de la foule, censé porté chance pour l’année à venir.

Les nombreuses scènes musicales balancent les hits locaux et internationaux au-delà de l’audible. La foule se densifie. La perte d’individualité est totale. Les pistolets en plastiques émergent. Les bras bougent dans tous les sens. Les habits trempés collent les uns aux autres. Les touristes sont ébahis. La manifestation est digne des plus grands festivals du monde. Avec cet esprit de convivialité, de bonne humeur communicative. La vie s’est arrêté. Mais pas le cœur, qui bat la chamade. Charmé par cette démonstration unique. Vraiment, Songkran est une expérience à vivre une fois dans sa vie.

50 Shades of Thailand vous souhaite une bonne année !

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